Cet article résume la première session de la Table Théologique.

Contexte

Le 10 février 2022, la SVTH s’est retrouvée dans la salle paroissiale de Rolle pour échanger ensemble sur des interrogations théologiques ou plus sociétales. Chacun a pu proposer des thématiques à discuter et celles qui reportaient le plus d’engouement ont été abordées.

Les échanges se déroulaient de la manière suivante : quatre personnes volontaires se mettent au centre de la pièce et débattent sur la thématique alors que le reste du groupe écoutait les intervenants, ne donnant leur avis qu’à la fin de la discussion. 

Les deux thèmes que nous avons abordés ce jour-là étaient : 

  1. La place de la grâce entre autres dans la liturgie des services funèbres.
  2. La perte de la transmission du savoir des anciennes générations envers les jeunes ou quand est-ce que les anciens sont-ils devenus des vieux ?

Le texte qui suit tente de proposer une synthèse de la discussion.

La place de la grâce entre autres dans la liturgie des services funèbres

Le premier élément à avoir été abordé fut une tentative de définition de la grâce, qui semblait pour certains un terme flou et difficile à saisir lorsque nous n’avons pas d’études théologiques derrière nous. Après plusieurs tentatives nous sommes tombés d’accord sur définir la grâce ainsi : Il s’agit de l’amour premier, dernier et permanent que Dieu nous porte. 

La deuxième chose que nous avons soulignée était la place de la grâce dans notre société actuelle. La place de la vie de l’individu, de ses actions et de ses valeurs semble avoir désormais plus d’importance que l’annonce de la grâce, lors d’un service funèbre par exemple. Les gens ne considèrent plus la grâce de Dieu comme l’élément central de leur existence, le regard de l’autre et celui que l’on porte à soi-même passe avant. L’explication de ceci qui a été apportée par un participant est que la grâce est visible tout au long de la vie d’un individu, que le témoignage de vie d’une personne est également le témoignage incarné de la grâce.

Le dernier phénomène que nous avons abordé est l’absence du terme dans notre société actuelle. La grâce ne fait pas partie de notre vocabulaire quotidien. Ce qui est bien dommage, car il s’agit là de l’antidote pour un monde où ce qui compte est le rendement, être le premier, la concurrence. C’est quelque chose qui n’existe pas dans la grâce. Le monde se meurt de ne pas entendre parler de cette grâce. La connaissance et la reconnaissance de la grâce dans le monde apporteraient probablement moins de jugement, plus de tolérance, moins de guerres, une plus grande conscience de l’autre. La grâce permettrait d’évacuer une culpabilité qui ronge beaucoup de personnes, toute en gardant conscience de nos pêchés. Car si la grâce permet d’être pardonné, elle ne nous rend pas moins coupables.

La perte de la transmission du savoir des anciennes générations envers les jeunes ou quand est-ce que les anciens sont-ils devenus des vieux ?

Dans le cadre d’un ministère pastoral, il est assez commun de devoir collaborer avec des personnes âgées. Et il est assez commun que, durant leur ministère, des anciens ministres souhaitent transmettre leur savoir à la nouvelle génération. Une transmission qui n’est pas toujours bien accueillie ou voulue par le nouvel arrivant. Il y a plusieurs éléments qui semblent empêcher cet échange d’avoir lieu. 

Premièrement, les personnes âgées ne savent pas forcément ce que vit un jeune qui vient de rentrer dans le milieu. Le ministère, tout comme l’église, n’est plus le même qu’il y a dix ans, même qu’il y a cinq ans. Il y a aussi de grandes différences dans les mœurs qui guident ses différentes générations. Néanmoins il reste des messages, des valeurs ou des principes qui sont universels et intergénérationnels. Sur ses points là, la transmission est possible et même bienvenue.

Un deuxième problème repose sur la notion même de « vieux ». Les personnes âgées elles-mêmes ne veulent plus se considérer comme anciennes. Les crèmes antiâges et autres produits de beauté censés conserver un état de jeunesse physique en sont la preuve. Il y a aussi le fait que dans nos sociétés occidentales il y a une forme de refus de côtoyer la vieillesse. Si dans les pays africains, sud-américains et asiatiques, les anciens sont à la maison, en Europe comme aux États-Unis, les vieux sont mis à l’écart dans des maisons de retraite. Comme si on ne voulait pas avoir à faire avec les affres du temps.

Le dernier élément semble être un problème plus général. Souvent le passé et l’histoire servent à éviter de refaire les mêmes erreurs, d’apprendre. Mais si les conseils des anciens ne permettent pas d’avancer ou au contraire nous empêchent d’évoluer, parfois il vaut mieux ne pas prendre en compte leur conseil. Parce que si quelque chose n’a pas marché à leur époque, ça ne veut pas dire que c’est chose impossible de nos jours.

L’autrice

Annika Jaillet est actuellement entrain de faire son master en théologie. Elle prépare un mémoire sur la Passivité comme mal. Elle représente les étudiants dans différents conseils et est secrétaire de l’association AETSR. Elle est également l’une des responsables du groupe de jeune Dé->part situé à Gland.


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