Cet article résume la présentation du séminaire 2018 de la Société Vaudoise de Théologie, sur le thème « Vie communautaire et Eglises aujourd’hui ».
La présentation était proposée par Pierre-André Pouly, pasteur réformé, formateur imago, ancien résident de Crêt-Bérard.
La rencontre a eu lieu le 15.02.2018 à la salle de paroisse de Saint-Laurent
Relation et Expérience
Deux éléments principaux ressortent de la présentation de Pierre-André,
1. Ecclésiologiquement et théologiquement, la priorité doit être donnée à la dimension relationnelle. La Vérité se joue dans la personne humaine en relation.
2. L’expérience et le savoir accumulé par les utopies sociales lancées dans les années 68 se constitue comme mémoire de l’histoire contemporaine. Cette mémoire est féconde pour la constitution d’un vivre-ensemble prophétique qui permette de faire face à la situation sociale contemporaine.
L’expérience de l’éco-lieu de Grandvaux
Une première partie de la conférence retrace le développement de la SMALA depuis les années 90’ jusqu’à aujourd’hui. Dans ce cadre Pierre-André Pouly nous a présenté la structure, l’objectif et le fonctionnement de l’éco-lieu de Grandvaux dans lequel il était inséré et où il souhaitait vivre sa retraite.
La structure de l’éco-lieu
a) Il y a un équilibre entre vie communautaire et vie privée. Sur le plan de l’architecture, de grands espaces sont accordés à la vie communautaire et l’espace privé est plus réduit.
b) L’engagement dans l’éco-lieu présuppose l’adhésion à un certain nombre de valeurs. Ceci se manifeste dans une forme de contrat social, et exige des rencontres préalables ainsi qu’une période de test de 6 à 24 mois. Ceci devrait permettre de négocier le pluralisme et l’engagement concret dans la vie communautaire.
c) Le bénévolat, le soutiens et l’entraide structurent le fonctionnement du lieu sur le plan des activités.
d) Des rencontres mensuelles obligatoires permettent de produire une image de ce qui s’y passe dans l’éco-lieu. [tout le monde y participe et donne quelque chose de ce qu’il a pu faire durant le mois].
De l’utopie au témoignage
En deuxième partie, Pierre-André a retracé son parcours personnel, suivant plusieurs grandes étapes : la communauté alternative de Bioley-Orjulaz durant les études – le pastorat – résidence à Crêt-Bérard – éco-lieu de Grandvaux. Différents éléments peuvent être retenus de ce parcours.
Mises en perspectives
a. D’une part, on peut constater un échec des utopies des années 68 face au néo-libéralisme. D’autre part, cela n’enlève cependant rien à la fécondité encore actuelle de certains penseurs de ces époques (Edgar Morin, Jacques Ellul, Marcel Légaut, Gandhi, Henri Le Saux et d’autres).
b. Cette expérience invite à interroger aussi le rapport entre une communauté prophétique sécularisée et communauté ecclésiale. Dans sa propre vie, Pierre-André souligne l’unité de ces deux horizons dans son témoignage personnel. Il habitait et participait de la vie de l’éco-lieu et participait à la vie cultuelle de la paroisse de Villette en y invitant d’autres à s’y joindre.
Au cœur de sa propre existence relationnelle, au-travers de ses engagements communautaires diversifiés, le chrétien est appelé à témoigner du mystère de l’incarnation qui révèle l’homme dans sa relation, tout en prenant au sérieux les coordonnées de l’existence écologique et sociale.
En ce sens, il n’y a pas d’opposition entre un projet communautaire séculier et un projet ecclésial, mais un éclairage mutuel. Celui-ci dépend en revanche du fait qu’une personne se fasse le témoin de cette relation. C’est son témoignage qui permet cette mise en lumière.
Echos de la discussion
Le premier premier aspect du parcours a suscité tout un nombre de questions techniques (contenu de la charte, place des enfants, frictions due à la pluralité, etc.).
Des ressemblances frappantes ont été relevée entre l’expérience de l’éco-lieu et l’expérience monastique.
Il est ressorti notamment la différence qu’il y a entre le mouvement des années 68 qui était animé par un retour au passé et l’élan utopique contemporain très marqué par la mobilité et l’échange d’expériences. Internet et le numérique offrent ici un nouvel horizon d’interactions.
Un élément de continuité entre les années 68 et aujourd’hui porte sur le rôle prophétique de ces projets. Ils pour but d’être des modèles exemplaires pour favoriser une transition sociale générale.
L’auteur
L’auteur
Elio Jaillet est doctorant en théologie systématique à l’Université de Genève. Il est également actif dans l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Vaud. Il écrit sur son propre blog Journal d’un Théologien Vaudois Eclectique (https://eliojaillet.ch)
Pour d’autres articles du séminaire « Vie communautaire et Eglises aujourd’hui » :
- Groupes de maison – Source de renouveau pour l’Église ? (Vincent Demaurex)
- Le mouvement des focolari. Des foyers au défi de l’unité (Anne-Claude Roulier)
- Au monde nouveau, nouvelles formes d’Eglises? Miettes théologiques pour une Eglise en émergence (Gabriel Monet)
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Dramatique: utiliser le vocable neo-liberale… alors que probablement, c est l un des mots les plus mal utilise. Avant de pouvoir utiliser ce mot en le sortant d une ideologie mortifere, il faudrait vraiment le definir, sinon c est une enieme critique peu fondee d ideologiste, ce que j espere que tu n es pas.
Dramatique…
Parler de cet eco…lieu alors que c est plus que complexe.
En general Elio, je suis impressionne par la profondeur de tes analyses mais, la c est probablement deux erreurs de sute et deux court-circuits trop rapides que tu fais. Attention aux ideologies, il n y a rien de pire, que cela soit de parler du neo liberalisme ou d eco…lieu…
Cher Florian,
Merci de ton retour,
Peut-être un élément de clarification : je me suis contenté ici de reprendre ce qui avait été présenté durant la session avec Pierre-André – ce ne sont donc pas particulièrement « mes » analyses, bien que ce soient mes mot ; j’espère juste ne pas avoir tordu les propos de Pierre-André.
Effectivement les étiquettes et idéologies sont problématiques en ce qu’elles simplifient trop des réalités complexes – et des histoires complexes. Cela étant il ne me semble pas que ce soit abusif dans le contexte de ce bref résumé…
Mais j’ai l’impression qu’il y a une partie de ton interpellation qu’à titre personnel je ne saisis pas très bien… et qui touche à l’éco-lieu apparemment ?
Je suis disponible pour en parler si jamais – et si nécessaire à adapter certains points de l’article.
À bientôt,
Elio