Cet article présente de manière narrative le processus de préparation de la journée théologique de la SVTh « Vivre l’Eglise à tout âge ? », qui s’est tenue le 21 septembre 2019 à la maison de paroisse de Beausobre à Morges. Le but est d’offrir un aperçu de ce qui s’est déroulé « en coulisses » pendant l’année qui a précédé la journée, et ainsi avoir une idée plus précise de ce qu’ont vécu Miriam Jaillet et Julia Durgnat, les deux étudiantes en théologie qui ont pensé cette journée en collaboration avec la SVTh. 

La genèse du projet : la création du dossier

Contexte et mandat

Université de Lausanne, Faculté de théologie et sciences des religions, semestre d’automne 2018. Voilà qu’un nouveau cours à option en théologie pratique est proposé par le professeur Olivier Bauer, dont le thème général est l’intergénérationnel. Il n’y aura finalement eu que deux étudiantes inscrites : Miriam Jaillet et moi-même. Avec du recul, être plus nombreux aurait rendu la tâche plus compliquée ; dans ce cas précis, nous avions toutes les deux un réel intérêt commun pour l’intergénérationnel en Eglise, ce qui a rendu notre travail de recherche et notre collaboration très fluides et complémentaires. 

La consigne élaborée par le professeur Bauer était de livrer clé en main une proposition de séminaire pour la SVTh, avec pour question de départ : « Comment la notion d’interface nous permet-elle d’aborder la réalité intergénérationnelle en Eglise ? ».

Le mandat, quant à lui, était d’offrir une journée de formation pour des ministres sur la thématique de l’interface intergénérationnelle en Eglise, avec une dimension œcuménique et du contenu théologique de niveau académique, en gardant toutefois un accent tout public. 

Outils et méthodologie

Nous nous sommes donc retrouvées face à une tâche pour laquelle des outils nous ont été présentés, insuffisants en eux-mêmes mais très bien pour démarrer notre réflexion.

La grille d’analyse didactique (GAD), tout d’abord, nous a permis de clarifier nos présupposés et d’anticiper le point de vue des participant·es, des partenaires et de l’actualité. Quel rapport ont-ils au thème ? Qu’est-ce que l’actualité dit de l’intergénérationnel ? Voilà les questions auxquelles nous avons tenté de répondre dans un premier temps. La GAD nous a permis au final de les transposer en objectifs.

Étapes didactiques	Participant.es	Partenaires	Actualité
I. Prolégomènes	Quel rapport vécu ont-ils avec le thème ?	Où parle-t-on du thème et comment ?	Où le thème est-il formulé dans l’actualité ?
II. Travail thématique	Thème à compléter ? Quelles découvertes : compréhension, conviction, comportement	Où trouver de l’aide, des conseils ?	Quelles solutions ou impasses ?
III. Evaluation	Qu’ai-je appris et comment l’appliquer ?	Un lieu pour exercer ce que j’ai appris ?	Un lieu pour communiquer ce que j’ai appris ?

Le deuxième outil a été une brève introduction à l’andragogie donnée par le théologien et formateur d’adulte Philippe Zannelli, qui nous a appris en quelques heures les bases de la formation d’adultes, plus précisément à capter l’attention de son auditoire et à maintenir l’intérêt général jusqu’au bout.

Pour ce faire, le principe général est d’activer les connaissances des participant·es et de les inclure dans le processus de formation. Cela allait tout à fait de paire avec le mandat qui nous avait été présenté, puisqu’il était précisé que la SVTh souhaitait innover et changer son format de séminaire très « frontal » jusqu’alors. L’andragogie nous a permis de transposer ces acquis en stratégie.

Les objectifs présentés finalement durant la journée ont été les suivants :

• Le.la participant.e formule une idée d’engagement concret (créer / améliorer / modifier) pour l’intergénérationnel dans son propre contexte d’Église
• Le.la participant.e formule l’élément de promesse – un « souhait d’Évangile » – qu’il garde du travail sur cette thématique.

Brainstorming autour du thème

Or, avant toute chose, peut-être vaudrait-il mieux s’arrêter un instant et se demander : qu’est-ce que réellement l’intergénérationnel ?

Afin de déconstruire et mieux voir ce qui se cachait derrière cette grosse notion, Miriam et moi-même avons eu l’idée de créer une MindMap en y incluant tout ce à quoi nous faisait penser l’intergénérationnel. Cela a permis d’élargir la notion au maximum, pour la recentrer par la suite et éviter ainsi de se disperser dans le contenu que nous voulions transmettre.

Approche du thème et littérature

Au départ de notre réflexion, le but a été de comprendre et approfondir les notions tout d’abord pour nous-mêmes, n’étant pas des spécialistes du sujet. C’est pourquoi nous avions choisi une littérature très variée, comprenant même un ouvrage sur la collaboration intergénérationnelle en entreprise. Bien vivre ensemble et bien collaborer sont des défis similaires auxquels sont confrontées les Eglises et les entreprises.

Les autres articles que nous avions consultés retraçaient le parcours sociologique de l’intergénérationnel, un cas psychologique sur les bienfaits de l’intergénérationnel pour renforcer la qualité des liens en famille, et également plusieurs inputs du côté de l’Eglise catholique – notamment le vol. 24 de la publication Catéfil. Cette thématique ne semblait pas du tout abordée par la théologie protestante, en dehors des excellents documents de l’Eglise de Berne-Jura-Soleure qui traitent de manière complète les enjeux de la question et offrent un panorama des possibles concernant l’intergénérationnel.

Vous pouvez télécharger la bibliographie ainsi que les résumés de lecture.

Ces lectures nous ont permis de clarifier et définir nettement nos objectifs : créer une journée de formation qui soit attrayante, dynamique et qui permette facilement de se dire, au terme de l’expérience : « aujourd’hui, j’ai appris / je retiens cela ».

Il était également important de pouvoir proposer des pistes ainsi que de co-créer et co-penser l’intergénérationnel avec les participant·es, la journée devenant en elle-même une interface intergénérationnelle.

Du mandat à la mise en oeuvre

En définitive, un tournant s’est opéré lorsque notre projet a été accepté par la SVTh et qu’il a été décidé que nous serions présentes durant la journée. Le but était de créer une activité clé en main pour la SVTh, mais cette fois-ci, nous nous retrouvions à posséder nous-mêmes ces clés.

Nous avions déjà répondu aux questions principales (quoi, qui, quand, combien, pourquoi, où) et défini le planning général et le cadre horaire, mais les enjeux étaient cette fois-ci différents. Il s’agissait de la concrétisation et de l’aboutissement du projet pour lequel nous avions académiquement obtenu la note maximale, mais il fallait encore convaincre et gagner le coeur des futur·es participant·es.

Vous pouvez télécharger le bilan de cette journée dans sa version brève ou complète (avec tous les matériaux annexes)

---

Cette journée faisait notamment suite à notre série de séminaire sur la vie communautaire en Eglise.

• Groupes de maison – Source de renouveau pour l’Église ? (Vincent Demaurex)
• Eco-lieu en lavaux et relecture des utopies des années 68 (Pierre-André Pouly)
• Le mouvement des focolari. Des foyers au défi de l’unité (Anne-Claude Roulier)
• Au monde nouveau, nouvelles formes d’Eglises? Miettes théologiques pour une Eglise en émergence (Gabriel Monet)